«Il y a eu le temps du débat, maintenant on est en droit d'attendre que ce soit le temps de l'action», clame Laurent Wauquiez
Par Marion Mourgue
Le Figaro - EXCLUSIF - Dans le cadre du grand débat, le président des Républicains formule une série de propositions en se concentrant sur «trois sujets»: baisse des impôts, valorisation du travail et amélioration de la condition des retraités. LE FIGARO. - Le grand débat devait prendre fin le 15 mars. Qu'en retenez-vous? Laurent WAUQUIEZ. - Au fur et à mesure du temps, plus le grand débat s'allonge, plus il tourne à la grande confusion. Et maintenant il est temps d'en sortir par des actes clairs. Il y a eu le temps du débat, maintenant on est en droit d'attendre que ce soit le temps de l'action. C'est d'ailleurs pour 2 cela que Les Républicains, contrairement à Marine Le Pen et aux extrêmes, ont assumé leurs responsabilités en s'impliquant dans ce débat et en mettant des propositions sur la table. Si on prend un peu de recul après ces semaines de tumultes, il y a quand même une grande leçon à tirer. Au fond, pourquoi est-ce qu'au bout de deux ans on est dans l'impasse? Le sujet n'est pas de faire un tournant social en augmentant encore l'assistanat dans notre pays ; le sujet n'est pas de prendre un tournant en augmentant encore les impôts comme la quasi-totalité des membres du gouvernement le propose chaque semaine. Si Emmanuel Macron a échoué au bout de deux ans, c'est qu'il a commis la même faute que François Hollande. C'est-à-dire? Il a augmenté les impôts et les charges sur les Français, faute d'avoir fait des économies sur la dépense publique. La sortie du grand débat doit consister à corriger cette erreur fondatrice. «Les Français veulent qu'on arrête de confisquer le fruit de leur travail et qu'on redonne de l'oxygène aux classes moyennes et aux retraités» C'est ce qui ressort du débat, selon vous? C'est très clair. Quand on regarde ce que disent les Français, les propositions qu'ils ont mises sur la table, très majoritairement, ce qu'ils demandent ce n'est pas de bricoler les règles électorales ni de changer la Constitution mais qu'on les laisse respirer avec moins d'impôts! Les Français veulent qu'on arrête de confisquer le fruit de leur travail et qu'on redonne de l'oxygène aux classes moyennes et aux retraités. Je serai très vigilant sur le fait que le grand débat ne débouche sur un exercice de Tartuffe où on mettrait sur la table les faux problèmes pour éviter de traiter les vrais problèmes de la France. C'est pour ça que, dans nos propositions, on se concentre sur trois sujets et trois sujets seulement. «Je demande une baisse de 10 % de l'impôt sur le revenu pour toutes les classes moyennes, sans condition» Quels sont les sujets que vous retenez? Premièrement, il faut baisser les impôts. Je demande une baisse de 10 % de l'impôt sur le revenu pour toutes les classes moyennes, sans condition. Et je propose la baisse des droits de succession en augmentant de 50 % le patrimoine que l'on peut transmettre à ses enfants et petits-enfants, de son vivant, sans acquitter d'impôt. Les droits de succession sont injustes: ils viennent frapper par l'impôt un patrimoine qui a déjà été taxé tout au long d'une vie de travail. Vous évoquiez trois sujets… Le deuxième point, c'est la valorisation du travail. Le problème majeur de la France, c'est que le travail ne paie plus. Je voudrais rappeler à Emmanuel Macron quelques évidences économiques qu'il est bon de ne pas perdre de vue. Avant de distribuer la richesse, il faut la créer. Ce ne sont pas les primes gouvernementales qui créent la richesse, c'est le travail. Dans notre pays, aujourd'hui, la plupart des entreprises ne trouvent personne pour travailler. Et l'écart entre le travail et l'assistanat 3 n'est plus suffisant. Comme vous le savez, c'est une de mes obsessions. J'ai commencé à dénoncer les dérives de l'assistanat il y a quasiment dix ans. Vous êtes donc satisfait qu'Édouard Philippe soit favorable à des contreparties aux aides sociales? J'ai vu que le premier ministre avait repris cette idée. Tant mieux, je m'en félicite. Mais je lui dis: ce dont on a besoin, ce n'est pas d'une petite phrase. Maintenant, il faut passer aux actes. J'ai proposé que nous expérimentions ce dispositif dans ma région. J'attends toujours le retour d'Édouard Philippe. «Je propose qu'en contrepartie du RSA on mette systématiquement des heures d'intérêt général» Que proposez-vous concrètement? Je propose qu'en contrepartie du RSA on mette systématiquement des heures d'intérêt général. Je propose que nous mettions en place un système permettant de plafonner les prestations sociales pour qu'elles ne dépassent pas 75 % du smic. Et je propose que, dans le même temps, on poursuive la revalorisation du travail, notamment par les heures supplémentaires. Et quel est votre troisième point? Les retraités. Ils ont été les principales victimes des mesures qui ont été prises depuis deux ans. Leur pouvoir d'achat a encore reculé en 2018, selon l'Insee. Le président n'a pas pris la mesure de la question. Contrairement à ce que dit Emmanuel Macron, les retraités ne sont pas des privilégiés. Il faut réindexer toutes les retraites au niveau de l'inflation. La France doit au moins à tous ceux qui ont travaillé la préservation de leur pouvoir d'achat par rapport à l'inflation. Ensuite, il faut supprimer l'augmentation de la CSG pour tous les retraités. Le président doit en prendre l'engagement solennel. Ensuite, il y a un sujet sur lequel on a une responsabilité, c'est la demi-part des veuves. Il faut la rétablir pour préserver le niveau de vie. Comment financez-vous ces mesures? Ces propositions doivent être financées uniquement par un plan d'économies. Mais surtout sans hausse d'impôt! Je me battrai contre toute proposition à l'issue du grand débat consistant à réaugmenter les impôts. LR a proposé un plan d'économies de 20 milliards sur lequel nous sommes prêts à assumer nos responsabilités. On ne réforme pas si on ne fait pas d'économies et si on ne baisse pas les impôts. Ça fait deux ans que l'on fait semblant de réformer sans traiter le fond des problèmes. La crise des «gilets jaunes» en est le point d'aboutissement. «Un climat d'insécurité et d'impunité s'est installé dans notre pays. Ça suffit. Je propose qu'on instaure des peines planchers contre tous ceux qui s'attaquent aux policiers, aux gendarmes, aux pompiers, aux gardiens de prison» Les manifestations ont été émaillées de violences. Que préconisez-vous? Je suis marqué par l'effritement de l'autorité. Je n'ai pas souvenir qu'un quinquennat ait été marqué par un tel niveau de violences. Un climat d'insécurité et d'impunité s'est installé dans notre pays: je pense bien sûr aux casseurs mais aussi aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes ou aux émeutes de 4 Grenoble. Ça suffit. Je propose qu'on instaure des peines planchers contre tous ceux qui s'attaquent aux policiers, aux gendarmes, aux pompiers, aux gardiens de prison. On ne peut pas accepter qu'ils se fassent de plus en plus agresser. Je refuse que, silencieusement, on s'habitue à ça. Autre préoccupation: la transition écologique. La crise des «gilets jaunes» a commencé là. Comment y répondre? L'écologie ne doit pas servir d'alibi à une augmentation de la fiscalité et à la création de lois supplémentaires. Je crois à l'écologie par les projets, par l'innovation, par l'incitation et pas par la punition. On ne change pas les comportements par des impôts. Je vois d'ailleurs revenir le serpent de la taxe carbone. Nous nous opposerons à son retour. Sinon, c'est vraiment n'avoir rien compris à ce qui se passe dans le pays.
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